Ford est-il impliqué en F1 ?
Oui, Ford a une longue et prestigieuse histoire en Formule 1 et fera son retour dans le sport en 2026 grâce à un nouveau partenariat avec Red Bull Powertrains. Ford est le troisième fournisseur de moteurs le plus titré de l’histoire de la F1, avec 174 victoires en course, 10 championnats des constructeurs et 13 championnats pilotes. Ses moteurs ont propulsé des légendes telles que Jim Clark, Jackie Stewart, Emerson Fittipaldi et Michael Schumacher.
Après avoir quitté la grille en 2004 lors de la vente de Jaguar Racing à Red Bull, Ford a annoncé en février 2023 qu’il reviendrait en Formule 1 avec l’introduction des nouvelles règles concernant les groupes motopropulseurs prévues pour 2026.
Ces règlements mettront en avant une plus grande part de propulsion électrique et l’utilisation de carburants 100 % durables, en accord avec les objectifs plus larges de Ford en matière d’innovation, de technologie hybride et de réduction du carbone…
Le légendaire moteur DFV (1967–1983)
Le partenariat de Ford avec Cosworth à la fin des années 1960 a donné naissance à un moteur qui a marqué une époque de la Formule 1. Le Double Four Valve (DFV) n’était pas seulement un groupe motopropulseur ; il a redéfini l’ordre compétitif du sport. Compact, puissant et relativement abordable, le DFV a offert des opportunités à des écuries qui n’auraient autrement jamais pu viser la victoire. Sa domination s’est étendue sur près de deux décennies, avec un palmarès inégalé à ce jour.
Origines avec Cosworth
L’histoire du DFV commence en 1965, lorsque Ford cherche à renforcer sa crédibilité dans le sport automobile. Colin Chapman de Lotus persuade les dirigeants de Ford de soutenir un nouveau projet mené par Keith Duckworth et Mike Costin de Cosworth Engineering. Ford engage alors 100 000 £, un investissement important à l’époque, dans le but de créer un moteur V8 léger et à haut régime capable de rivaliser avec Ferrari et BRM.
Le résultat fut un moteur V8 atmosphérique de 3,0 litres avec quatre soupapes par cylindre, délivrant environ 400 chevaux dans sa première version. Sa conception innovante faisait du moteur un élément structurel du châssis, solidement fixé à la monocoque à l’avant et à la boîte de vitesses à l’arrière. Cela réduisait le poids de la voiture et augmentait la rigidité torsionnelle, offrant ainsi aux écuries un avantage majeur en performance.
Première victoire à Zandvoort avec Jim Clark
Le DFV a fait ses débuts officiels au Grand Prix des Pays-Bas 1967 à Zandvoort. Jim Clark, au volant de la Lotus 49, a stupéfié le paddock en remportant la victoire lors de la première course du moteur. Graham Hill, dans la voiture sœur, avait déjà montré le potentiel du DFV en obtenant la pole position, soulignant le caractère révolutionnaire de l’ensemble dès le premier jour.
Ce succès immédiat n’était pas un hasard. La puissance du DFV, couplée à sa capacité à s’intégrer au châssis, a permis à Lotus de proposer un ensemble que ses concurrents ne pouvaient égaler. La victoire de Clark fut la première de quatre pendant cette saison inaugurale, et il devint rapidement évident que ce moteur allait modifier l’équilibre concurrentiel de la F1 pour de nombreuses années.
Le moteur de F1 le plus titré de l’histoire
Entre 1967 et 1983, le DFV a permis à des voitures de remporter 155 Grands Prix. Aucun autre moteur ne s’en est approché. Son apogée se situe au début des années 1970, lorsque quasiment toutes les équipes de la grille utilisaient un moteur Ford-Cosworth. Par moments, presque tous les véhicules d’une course étaient propulsés par le DFV, entraînant des saisons entières dominées par les équipes soutenues par Ford.
- En 1969, les voitures équipées du DFV ont remporté chaque course de la saison, un exploit encore inégalé en F1.
- Au milieu des années 1970, des écuries privées comme Tyrrell, McLaren et Williams pouvaient viser la victoire grâce à l’accessibilité du moteur Ford.
- La dernière victoire du DFV fut au Grand Prix de Monaco 1983 avec Keke Rosberg sur Williams, concluant 16 années de succès exceptionnels.
La décision de Ford de rendre son moteur disponible à plusieurs équipes a transformé la F1, d’un sport dominé par les constructeurs à une discipline où les équipes privées pouvaient réussir. Il devint un formidable facteur d’égalisation, influençant le développement du sport bien au-delà de sa dernière course.
Les titres de Ford en Formule 1
Le palmarès de Ford en F1 repose sur sa capacité à décrocher des titres sur plusieurs décennies, faisant de la marque l’un des motoristes les plus titrés du sport. Grâce aux moteurs conçus par Cosworth, Ford a propulsé des voitures vers des titres de pilotes et de constructeurs, souvent en dominant des saisons entières. Ces succès ont démontré à la fois la supériorité technique de Ford et la confiance que les meilleures équipes plaçaient dans sa technologie.
Titres pilotes remportés avec un moteur Ford
Entre 1968 et 1994, les moteurs Ford ont porté 13 pilotes au titre mondial. Le succès débuta avec la victoire de Graham Hill en 1968 sur une Lotus-Ford, et se poursuivit avec plusieurs titres pour Jackie Stewart, Emerson Fittipaldi, jusqu’à Michael Schumacher en 1994 avec Benetton.
- Graham Hill fut le premier champion motorisé par Ford en 1968, validant le potentiel du DFV dès sa deuxième saison.
- Jackie Stewart décrocha trois titres (1969, 1971, 1973) avec Matra et Tyrrell, mettant en valeur l’adaptabilité du moteur Ford à différents châssis.
- Emerson Fittipaldi gagna deux titres (1972 avec Lotus et 1974 avec McLaren), à une époque où les moteurs Ford dominaient la grille.
- D’autres champions comprennent Jochen Rindt (1970), James Hunt (1976), Mario Andretti (1978), Alan Jones (1980), Nelson Piquet (1981), et Keke Rosberg (1982).
- Michael Schumacher remporta son premier titre avec Benetton en 1994, le dernier championnat remporté avec un moteur Ford.
Ces victoires illustrent l’ampleur de la présence du DFV et de ses successeurs. Au milieu des années 1970, la quasi-totalité de la grille utilisait des moteurs Ford, rendant leur succès indépendant de toute équipe unique.
Titres constructeurs remportés par Ford
Ford a également remporté 10 championnats des constructeurs, principalement à l’époque dorée du moteur DFV, entre la fin des années 1960 et le début des années 1980. Lotus, Matra, Tyrrell, McLaren et Williams ont tous bénéficié de la puissance et de la fiabilité des moteurs Ford.
- Lotus a conquis quatre titres constructeurs avec Ford (1968, 1970, 1972, 1973), profitant des performances de Jim Clark, Graham Hill, puis Emerson Fittipaldi et Mario Andretti.
- Matra (1969) et Tyrrell (1971) ont également offert les titres à Stewart avec un moteur Ford.
- McLaren triompha en 1974 grâce à la constance de Fittipaldi combinée au DFV.
- Williams remporta deux titres consécutifs en 1980 et 1981, propulsé par Alan Jones puis Keke Rosberg.
À son apogée, le faible coût et l’accessibilité du moteur DFV permirent aux équipes modestes de rivaliser avec les grandes, instaurant une parité rarement observée depuis.
De l’ère turbo au titre de Schumacher (années 1980–1994)
La retraite du DFV au début des années 1980 a mis fin à une ère de domination, mais Ford est resté un acteur majeur à travers l’ère turbo puis celle des moteurs atmosphériques. Alors que la technologie devenait plus complexe et onéreuse, les moteurs Ford continuaient à gagner des courses et des titres, culminant avec le titre mondial de Schumacher en 1994.
Transition des moteurs DFV aux moteurs turbo et atmosphériques
Au début des années 1980, la F1 est entrée dans l’ère turbo. Renault avait déjà démontré le potentiel de cette technologie, et en 1983, la majorité des équipes de tête utilisaient des moteurs suralimentés. Ford lança alors le Cosworth GBA, un V6 turbo de 1,5 litre, en 1986. Malgré des innovations, le moteur souffrait d’un manque de développement et de problèmes de fiabilité, laissant Ford à la traîne face à Honda ou TAG-Porsche.
Après l’interdiction des turbos en 1989, Ford revint à des moteurs atmosphériques. Les V8 Cosworth DFZ et DFR sont devenus le choix fiable pour les écuries de milieu de grille, comme Tyrrell, Arrows et Benetton. Moins puissants que les V10 et V12 utilisés par les grandes équipes, ils apportaient toutefois une fiabilité précieuse.
Victoires marquantes avec Williams, Benetton et McLaren
À la fin des années 1980 et au début des années 1990, Ford retrouva une position plus solide. Alessandro Nannini remporta le GP du Japon 1989 avec Benetton, tandis que Nelson Piquet ajouta d’autres victoires en 1990.
McLaren s’associa également à Ford en 1993, avec un moteur Cosworth HB V8. Ayrton Senna remporta cinq courses cette année-là, dont la mythique victoire à Donington sous la pluie, considérée comme une des meilleures performances individuelles de l’histoire de la F1.
Le titre mondial de Schumacher en 1994 avec Benetton Ford Zetec R
Le sommet moderne pour Ford arriva en 1994 avec Michael Schumacher. Le moteur Cosworth Zetec R V8, atmosphérique de 3,5 litres, développant 730 ch, était loué pour sa maniabilité et sa fiabilité. Bien intégré au châssis Benetton, il offrait à Schumacher un avantage sur la constance et le rythme de course.
Schumacher gagna six des sept premières courses, remportant le titre malgré une finale controversée à Adélaïde. Il s’agissait du dernier championnat remporté par un moteur Ford en F1. Par la suite, Renault et Ferrari ont repris le dessus, marquant le déclin de l’implication de Ford.